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samedi 27 avril 2024 dès 13h Fêtes des luttes au CCO la Rayonne organisé entre autre par le collectif Palestine 69 : +d'infos...

1er mai 2024 Pour la journée des travailleurs et travailleuses : manifestons pour la Palestine

Rassemblement du 20 avril

Encore un rassemblement réussi place des Terreaux avec sa fameuse fontaine rouge comme le sang des gazaouis continuellement bombardés par l'aviation israélienne! Couleurs Palestine toujours bien représentée par une quinzaine de militants.tes après 7 mois de manifestations et rassemblements hebdomadaires.

Super soirée de clôture du festival Palestine en Vue le 11 avril 2024 au cinéma La Mouche de St Genis Laval en présence de 115 spectateurs.trices venu.e.s découvrir le film "Un week-end à Gaza".
Après le mot de bienvenue et un rapide 1er bilan du festival par Christiane Prébet présidente d'ERAP organisatrice du festival et une rapide intervention de Marie-Noëlle Landot présidente de Couleurs Palestine co-organisatrice de la soirée, le public a pu entendre Basile Khalil réalisateur du film, joint par whatsapp, présenter "Un week-end à Gaza", son scénario improbable, hilarant et prémonitoire, les difficultés du tournage, ses motivations et sa profonde empathie pour la population de Gaza si durement éprouvée et martyrisée aujourd'hui.
Sous un parti pris de légèreté, d'humour et de dérision, apparaissent en filigrane dans ce film, les problématiques de l'enclave palestinienne, blocus impitoyable, destructions, esprit de résistance, soif de vivre et exigence de dignité.
Débat centré sur le film et le réalisateur, avec l'apport très riche de la parfaite connaissance du cinéma palestinien et de ses différents acteurs, de Carol Shyman membre du groupe d'organisation du festival.
A noter la présence dans le public, de Roland Nurier lui aussi membre de l'équipe ERAP et adhérent de Couleurs Palestine 69, réalisateur du film "Yallah gaza" à l'affiche du festival et dont la récente sortie en salles lui fait frôler les 40.000 entrées.
A l'issue des débats, un long moment de convivialité a réuni tous les participant.es autour d'un buffet palestinien offert par ERAP et d'un stand de produits palestiniens tenu par Couleurs Palestine 69, dans une salle attenante au cinéma, mise gracieusement à disposition par la municipalité de St Genis Laval, dont une élue Mme Seri participait à l'événement.

 

Soirée palestinienne de poésie "la Palestine sur scène"  accompagnée d'un groupe musical exceptionnel (oud, piano, tambourin ...). En plus du petit groupe de Couleurs Palestine, environ 120 jeunes de moins de 30 ans, majoritairement originaires du Moyen Orient (Palestine, Liban, Syrie ...) ont assisté à cette superbe soirée. Le groupe avait préparé en accueil, galettes, humous, zaatar...

Poèmes de Mahmoud Darwich,Samih Al Qâcim, lus à 2 voix (arabe, français) sur fonds de musique de Marcel Khalifé et autres compositeurs libanais, palestiniens, égyptiens ont transporté l'assistance.

 

Samedi 17 février, BDS FRANCE organisait une journée nationale d'action.

Le collectif 69 Palestine et BDS-France ont alors organisé la campagne de Boycott des enseignes Carrefour. Sur les marchés et devant plusieurs Carrefour de l'agglométation (Vénissieux, Villeurbanne, Vaulx en Velin), des militants ont distribué des tracts et informé les gens du role de Carrefour dans le soutien à l'armée israélienne, et donc au génocide en cours, et à l'occupation illégale de la Palestine. Plus d'infos ici

Samedi 10 février 2024 - place Bellecour à Lyon
Une nouvelle fois, un millier de sympathisant.e.s de la cause palestinienne se sont retrouvés, à l'appel du Collectif 69 de soutien au peuple palestinien pour exiger le cessez le feu à Gaza, pour crier leur indignation devant la passivité et (ou)  la complicité affichée de nombreux gouvernements avec Israël.

 

Plus d'une centaine de panneaux avec les visages et les noms de Gazaouis enfants, adultes, personnes âgées mortes sous les bombes israéliennes ont attiré l'attention des nombreux passant qui traversaient la place Bellecour.

 

Bravo aux adhérent.e.s de Couleurs Palestine présent.e.s qui ont bravé la pluie battante pour afficher une fois encore leur soutien aux habitants martyrisés de Gaza et à l'ensemble du peuple palestinien !

NOUS NE LES ABANDONNERONS PAS

 

MANIFESTATION  à  GENEVE

 

Samedi 3 février avait lieu à Genève à l’appel du député LFI  de Savoie Jean-luc Coulomme une marche pour exiger la paix et le respect du droit international à Gaza. Initiative à laquelle se sont joints les groupes locaux AFPS des départements voisins de la Suisse et le Collectif 69 de soutien au peuple palestinien dont une dizaine de membres parmi lesquels un militant de Couleurs Palestine 69 ont fait le déplacement.

Ce sont finalement plus de 2000 manifestant.e.s selon « La Tribune de Genève » qui se sont regroupés à 14h au bord du lac, face au Mont Blanc, devant le palais Wilson. Après plusieurs prises de parole dont celle sur la Cour Pénale Internationale au nom du Collectif 69, celle d’une militante de l’UJFP et celle de la présidente nationale de l’AFPS, le cortège des manifestant.e.s s’est dirigé vers le Haut Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme pour finir devant le siège de l’ONU où d’autres prises de parole ont eu lieu dont celle du précédent maire de Genève, de Livia Zbinden vice-présidente du conseil municipal de Genève, d’un membre du Collectif juif décolonial Tsedeki et en clôture celle de jean luc Mélenchon toujours aussi percutant :

"A cet instant, des femmes, des hommes, des enfants, des familles, par milliers, centaines de milliers vivent sous ls bombes, le massacre, les crimes, la frayeur et de cet enfer monte la clameur du peuple, la nôtre. ...Le seul cri que nous voulons pousser à cet instant est CESSEZ LE FEU !!! Notre devoir est de hurler, de protester et d’exiger le CESSEZ LE FEU !!!"

 

La conférence de Gilles Devers, avocat qui a déposé plainte auprès de la CPI avec 500 autres avocats, qui devait avoir lieu jeudi 1er février, a été annulée 2 fois par la préfète du Rhône, à la demande du CRIF.

Cette conférence avait été initialement organisée par des étudiants de Lyon2, dans les locaux de l'Université, puis, suite à l'annulation au motif de risque de troubles pour les étudiants juifs, avait été programmée à la bourse du travail. Mais cela n'a pas empêché la préfète de trouver un nouveau motif pour l'annuler, le jour même!

L'état, aux ordres du CRIF, empêche toute expression sur le conflit en cours et censure toute critique sur le comportement de l'état d'Israël.

Samedi 27 janvier 2024, place Bellecour, un millier de personnes était rassemblé pour réclamer un cessez le feu immédiat et définitif à Gaza

 

Diverses actions ont alimenté ce rassemblement :

- Panneaux « Cessez-le-feu » en grandes lettres tenues par les militants,

- 50 photos de gazaouis assassinés,

- Rouleau de papier sur lequel les participants ont écrit des messages,

Et une magnifique exposition de 120 portraits de palestiniens assassinés.

Samedi 20 janvier Une marche pour Gaza a rassemblé de nombreux manifestants.

Le 17 janvier a eu lieu une conférence intitulée "Est-ce que la France vend des armes à Israël"? avec l'Observatoire des armements 

Voir l'article de l'Observatoire des armements

Samedi 13 janvier 2024 des citoyens étaient réunis place des Terreaux pour soutenir le peuple de Gaza et demander l'arrêt immédiat du génocide en cours.

 

Devant l'Hôtel de Ville, des portraits de victimes sont encadrés, posés au sol devant des bougies. La vie de quelques uns de ces milliers de Palestiniens est lue au micro : c'étaient des enfants, ils buvaient le thé lorsqu'un missile les a assassinés, c'était des nourrissons hospitalisés tués par des militaires israéliens, des jumelles de 15 jours tuées par un missile, un handicapé mort de famine, une famille de 53 personnes mortes sous les bombes, un jeune homme battu à mort par des israéliens, 30 personnes enfants, femmes, personnes âgées, tuées à bout portant par les soldats israéliens, une femme enceinte blessée par les soldats qui l'ont laissée se vider de son sang, .... ce n'était pas seulement des nombres, c'était des être humains lâchement assassinés par les israéliens.

 Gaza est un cimetière pour les journalistes : 113 journalistes ont été tués dans la bande de Gaza en 99 jours. Ils sont ciblés spécifiquement pour les empêcher de témoigner sur le génocide en cours.

Gaza est un cimetière pour les soignants

Gaza est un cimetière en prison

 

mer.

24

avril

2024

Témoignage de Gaza : Des Gazaouis racontent l’assaut israélien de l’hôpital Al-Shifa

Des Gazaouis racontent l’assaut israélien de l’hôpital Al-Shifa : « Si on sortait, on était tués »

Le plus grand hôpital de la bande de Gaza a été entièrement détruit par une attaque israélienne et par les combats autour du centre hospitalier. Trois semaines plus tard, les Palestiniens continuent d’exhumer des corps.

Par Clothilde Mraffko (Jérusalem, envoyée spéciale)

 

Temps de lecture 7 min.

Tous les jours depuis trois semaines, Maha Souilem, une infirmière de 38 ans, se mêle aux habitants et aux secouristes qui fouillent les talus de sable dans la cour de l’hôpital Al-Shifa, au cœur de la ville de Gaza, et dans les ruines alentour. La silhouette déchirée du bâtiment principal, troué par les explosions et carbonisé, se détache dans le ciel printanier bleu azur. Maha cherche son mari.

Après quatorze jours de siège, l’armée israélienne s’est retirée de la zone le 1er avril, laissant derrière elle un paysage de dévastation et l’odeur âcre des corps en décomposition. Les Palestiniens n’en finissent pas d’exhumer des cadavres : la défense civile a indiqué au média américain NPR en avoir trouvé 381 dans et autour d’Al-Shifa. Environ 160 corps seraient encore sous les décombres des immeubles du quartier, selon les secouristes.

Un lieu de mort

Un millier d’immeubles auraient été incendiés ou endommagés aux alentours, selon le Hamas, une évaluation reprise par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). L’assaut de l’hôpital est la plus importante opération de l’armée israélienne menée dans l’enclave, depuis le début de la guerre déclenchée après l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Al-Shifa, qui signifie « la guérison » en arabe, est devenu un lieu de mort. Le plus grand hôpital de la bande de Gaza est aujourd’hui entièrement détruit. A distance et sur place avec l’aide d’un collaborateur, Le Monde a recueilli des témoignages de Palestiniens qui ont vécu l’assaut. La presse internationale est toujours interdite d’accès dans l’enclave par les autorités israéliennes.

Dans la cour, deux fosses communes ont été découvertes – trente cadavres en tout, certains dans un état de décomposition avancée. Douze seulement ont été identifiées ; des proches ont reconnu ici une chaussure, là un lambeau de vêtement. La semaine dernière, l’un des collègues de Maha, qui pensait que son fils avait été arrêté, l’a finalement retrouvé parmi les corps. « J’en ai été sidérée », dit l’infirmière. Depuis que leur maison avait été bombardée, elle vivait avec son époux, ambulancier, et leurs deux filles de 2 et 6 ans, dans l’hôpital Al-Shifa. Le couple s’oubliait dans le travail. « Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, au service de notre peuple. »

Le 18 mars, l’attaque israélienne les a surpris, au milieu de la nuit. L’hôpital s’est mis à résonner de « coups de feu et explosions d’une intensité inouïe ». « Ils ont fait exploser la salle à côté de nous », raconte Maha. Un haut-parleur a annoncé le siège de l’établissement. « Tout le monde doit se rendre. Personne ne sort, les portails sont fermés », a répété une voix sans visage. Patients, médecins, déplacés, se cognaient dans la cohue. Ceux qui s’approchaient des fenêtres se faisaient tirer dessus.

Quand les militaires israéliens sont enfin apparus, ils ont d’abord évacué les femmes déplacées, puis le personnel de santé. Il ne faut pas s’inquiéter, leur ont-ils assuré. Sur la cinquantaine de soignants qui étaient avec elle, 35 ont été arrêtés. « C’est à ce moment-là que mon mari a disparu. Ils l’ont embarqué, l’ont déshabillé, dit Maha, la voix tremblante. Je ne sais rien de lui, s’il a été détenu, exécuté, s’il est enterré… Je ne sais pas où il est. » Parmi les quinze membres du personnel restés avec elle, les soldats « en ont fait sortir quatre ». « Ils les ont laissés s’éloigner, et on a entendu des coups de feu », se souvient-elle.

Arrêté et violemment battu

Ses collègues ont retrouvé la trace deux d’entre eux à l’hôpital Al-Ahli. Pour les deux autres, personne ne sait. Le directeur du centre d’urgence sanitaire d’Al-Shifa, Moatassem Saleh, a indiqué au Monde avoir perdu la trace de quarante-deux soignants. Au moins quatre membres du personnel de l’hôpital ont été tués, parmi eux, le chirurgien plastique Ahmed Al-Maqdameh. La mère de ce dernier, Yousra, médecin, a également été retrouvée morte.

Taha Marzouq, qui travaillait dans le département de radiologie au moment de l’assaut, a plusieurs fois pensé qu’il allait y mourir. « Le 18 mars est le pire jour de ma vie. C’était la première fois que je voyais des chars, des Jeep, des soldats israéliens », se souvient-il. Le soignant, âgé de 33 ans, est arrêté, détenu deux jours, en sous-vêtements, les yeux bandés. Il dit avoir été violemment battu par les soldats israéliens et les avoir vus frapper des patients. Il goûte un semblant de joie quand les militaires lui retirent ses entraves ; il va quitter l’hôpital – l’enfer. « Là, explique-t-il, je suis sorti. J’ai alors vu des cadavres qui gisaient sur le sol. Parmi eux, il y avait le corps de mon collègue, le docteur Mohammed Al-Nounou. J’étais dévasté. »

L’armée israélienne avait déjà mené une large attaque contre l’hôpital Al-Shifa, en novembre 2023. Depuis, l’établissement n’était plus que partiellement opérationnel. Les militaires accusent le Hamas d’y avoir installé une base militaire – ce que nie le mouvement islamiste. L’armée a diffusé, début avril des images d’un tunnel, de « grandes quantités » d’armes saisies, ainsi que d’importantes sommes en liquide ou des documents retraçant des réunions du mouvement islamiste palestinien au sein d’Al-Shifa, autour de questions de gestion et de paie de militants.

Du 18 mars au 1er avril, les forces israéliennes et les combattants palestiniens se sont affrontés, dans et autour de l’hôpital. Les militaires revendiquent avoir tué 200 hommes armés gazaouis, dont des cadres du Hamas et du Jihad islamique, et en avoir arrêté 500 autres. Aux questions précises du Monde concernant les morts de civils, les forces israéliennes ont renvoyé au communiqué publié après leur retrait, le 1er avril. Il y est affirmé que le combat a été « engagé en évitant de blesser le personnel médical et les patients ». L’armée assure avoir mené une« opération précise ». Aucun des soignants ayant témoigné n’a été pris dans des échanges de tirs entre Palestiniens et Israéliens. Les soldats ont en outre montré des images de ravitaillement de l’hôpital et des équipes préparant des lits pour les malades ; les soignants affirment pourtant avoir eu faim et ne pas avoir reçu les médicaments nécessaires. L’ONU n’a pas été autorisée à apporter de l’aide.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 21 patients morts faute de soins, lors de l’opération militaire. Le 5 avril, après six tentatives infructueuses, l’ONU a pu faire parvenir une mission dans l’hôpital ; l’équipe a « vu au moins cinq corps partiellement recouverts sur le sol, exposés à la chaleur. La sauvegarde de la dignité, même dans la mort, est un acte d’humanité indispensable », rapportait un communiqué de l’OMS. Un employé de l’OCHA raconte avoir dû, avec ses collègues, ramasser des« corps sur le bord de la route ». 

Des corps déchiquetés

En étudiant une partie des dépouilles mortelles retrouvées, le ministère de la santé a identifié une large part de patients, certains corps arborant encore des bandages ou des cathéters, rapporte M. Saleh. « Des traces de blessure par balle étaient visibles sur certains cadavres, uniquement vêtus de leurs sous-vêtements », poursuit-il, suggérant de possibles exécutions sommaires. D’autres corps, enfin, ont été retrouvés déchiquetés, plusieurs morceaux éparpillés – certains probablement en partie dévorés par les chiens ou profanés par les lames des bulldozers qui ont labouré la cour d’Al-Shifa.

Trois semaines après l’attaque, Amira Al-Safadi se réveille souvent avec l’impression d’être « encore là-bas ». « J’entends les voix des soldats, le bruit des chars, des missiles, des explosions »,raconte-t-elle. Cette femme, médecin volontaire de 26 ans, se souvient avoir eu faim et surtout très soif. Ils étaient assiégés. Vers la fin du siège, dit-elle : « Seize patients sont morts. Pendant quatre jours, on a dû dormir avec les corps : l’armée ne nous a pas laissés les sortir ni les enterrer. »

Le quotidien est gouverné par l’incertitude et la peur : l’hôpital est plongé dans le noir, les soldats changent les instructions, il faut transporter les patients d’un département à l’autre et, à chaque déplacement, se faire fouiller. « Tous ceux qui bougeaient ou avançaient [sans en avoir reçu l’ordre] se faisaient tirer dessus », se rappelle la docteure Al-Safadi. Elle accuse les soldats de s’être servis de certains soignants « comme de boucliers humains ». « Ils demandaient aux infirmiers de rentrer dans certains endroits et de fouiller, tandis qu’ils restaient derrière eux », poursuit-elle.

Autour de l’hôpital, les habitants racontent les mêmes scènes de siège, d’une rare brutalité. La plupart étaient déjà des déplacés : leur maison avait été bombardée, et ils s’étaient installés non loin d’Al-Shifa, se croyant protégés. La femme de Mohammed Abou Sidou, enseignant de 31 ans, venait d’accoucher, elle avait dû subir une opération. Leur fils avait 5 jours quand l’armée a attaqué. La jeune mère s’est mise à saigner abondamment. Le bâtiment où ils vivaient a été partiellement détruit par des tirs d’artillerie – eux n’ont été que légèrement blessés par des éclats de verre. Tout autour, la plupart des immeubles ont été détruits ou incendiés. Les maisons se sont effondrées sur leurs occupants. Les équipes de la défense civile n’ont pas assez d’équipements pour retrouver les corps prisonniers des gravats.

« J’entendais les cris »

« J’ai vu que la maison de mon voisin était en flammes, et je n’ai pas pu ouvrir la fenêtre ni intervenir, raconte M. Sidou, qui demeure hanté par ces images. Les gens blessés mouraient dans la rue, et je ne pouvais pas descendre, ne serait-ce que sur le seuil de la maison. J’entendais les cris des femmes, des enfants, des voisins. Si on sortait, on était tués à notre tour, même ceux qui se tenaient juste à leur fenêtre. »

Saadia Abou Elnada se souvient surtout du bruit des explosions et des tirs incessants, si proches. Elle habite dans la rue principale, en face de l’hôpital Al-Shifa. Avec son mari, ses enfants et ses petits-enfants, ils se sont retrouvés à dix, terrés dans une pièce.« On mettait des couvertures et des cartons aux fenêtres, de peur que, voyant de la lumière, [les soldats] se mettent à tirer, raconte la mère de famille au visage émacié et anxieux. Ils tiraient au hasard. On étouffait avec l’odeur des explosions et des incendies tout autour. » La famille survit en faisait bouillir de l’eau salée et en mangeant du zaatar, un mélange d’épices. Cela fait longtemps qu’il n’y a plus de pain. Depuis l’assaut, les enfants mouillent leur lit la nuit. « Ils crient, pleurent, ont peur d’aller aux toilettes, se désole-t-elle. On est tous extrêmement abattus. »

Elle s’interrompt soudain, se corrige : « On dit les “environs d’Al-Shifa”, mais il n’y a plus d’Al-Shifa ni de quartier autour. » En dévastant ce district, en plein cœur de la ville de Gaza, l’armée israélienne a réduit à néant cette institution opérant depuis 1946 : un hôpital de 750 lits, où naissaient plus de 2 000 enfants chaque mois, avant le 7 octobre. Al-Shifa était le cœur du système de santé gazaoui, qui, visé par des attaques israéliennes, s’est effondré depuis des mois. Des générations de médecins s’étaient formées dans cet hôpital universitaire. Sa destruction oblitère encore un peu plus le futur de Gaza.

 

Clothilde Mraffko (Jérusalem, envoyée spéciale)

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lun.

22

avril

2024

Aider Israël à rompre avec ses démons

(article de Denis Sieffert du 16 avril 2024 paru dans la revue Politis)

https://www.politis.fr/articles/2024/04/aider-israel-a-rompre-avec-ses-demons/

 

Le conflit avec l’Iran le souligne : les dirigeants israéliens n’ont jamais assez de guerres à leur agenda. C’est leur raison de survivre, mais certainement pas celle d’Israël. Les assassins de Rabin sont aujourd’hui au pouvoir : ils font d’Israël un État paria.

 

Entre gens de bonne compagnie, l’affaire s’arrêterait là. Mais les dirigeants actuels d’Israël n’ont jamais assez de guerres à leur agenda. Au nord le Hezbollah, au sud le massacre des Gazaouis, à l’est des pogroms dans les villages de Cisjordanie. Et pourquoi pas une guerre apocalyptique avec l’Iran ? C’est leur raison de survivre, mais certainement pas celle d’Israël. Si la paix venait à s’installer, ils seraient comme des cyclistes qui s’arrêteraient de pédaler. Il n’y a donc rien d’autre à attendre dans le conflit avec la République islamique qu’un nouveau pas vers l’abîme. La gravité de l’attaque à laquelle se prépare le « cabinet de guerre » ne dépend que de la force de persuasion de Joe Biden, et des moyens logistiques dont il peut priver Israël.

 

Netanyahou est dans la main de ses alliés, colons d’extrême droite, dont dépend sa propre survie politique.

 

La séquence actuelle a commencé le 1er avril, lorsqu’Israël a commis un acte de guerre caractérisé en attaquant le consulat iranien de Damas. Cela sans susciter la moindre condamnation internationale. Dans la nuit du 13 au 14, l’Iran a fait ce qu’il ne pouvait pas ne pas faire en répliquant par une attaque spectaculaire, mais cousue de fil blanc. Israël et les États-Unis avaient été prévenus de l’heure et des moyens. Avait-on déjà vu dans l’histoire une attaque conçue pour échouer ? Le lendemain, le représentant de la mission iranienne à l’ONU s’est d’ailleurs empressé de rassurer son monde en déclarant que « l’incident était clos ».

 

On a bien compris que Téhéran avait besoin de cette opération pour laver l’affront, et plaire à ceux qui soutiennent encore un régime honni. Avec cette demi-mesure, l’Iran a voulu déjouer le piège tendu par Netanyahou. Car l’hypothèse du piège est crédible. Le Premier ministre israélien aurait voulu provoquer une réaction iranienne, qui légitimerait en retour une offensive de grande envergure, qu’il n’aurait pas agi différemment. L’heure est-elle venue ? On se déchire sur le sujet au sein du gouvernement israélien. Washington, Londres, Paris freinent des quatre fers.

 

Mais la logique de Netanyahou répond à des impératifs qui ont peu de rapports avec la géopolitique. Il est dans la main de ses alliés, colons d’extrême droite, dont dépend sa propre survie politique. Et ceux-là trouveraient avantage à un chaos qui leur permettrait d’anéantir toute résistance palestinienne, et de s’approprier la Cisjordanie. Ils rêvent d’une deuxième Nakba qui parachèverait la première, celle de 1948 qui a poussé huit cent mille Palestiniens à l’exil. Les colons ne perdent d’ailleurs pas de temps. Comme leurs ancêtres en 1948, ils brûlent des maisons et ravagent des villages dans les territoires palestiniens, pendant que nous regardons les drones iraniens s’écraser dans le désert du Néguev. Il s’agit aussi pour Netanyahou de détourner l’attention de Gaza, où son armée s’inscrit dans la sinistre tradition de la guerre coloniale, sans foi ni loi. On est frappé par la continuité de l’histoire.

Depuis soixante-seize ans qu’il existe, Israël vit dans une perpétuelle angoisse existentielle. Souvent instrumentalisée, parfois fondée. Mais à qui la faute ? Comment font ses dirigeants pour produire parmi les peuples alentour, et même un peu partout dans le monde, une hostilité qui est aujourd’hui à son comble ? Pas besoin d’être grand clerc pour trouver la réponse. Tout part et tout ramène toujours à l’irrésolution de la question palestinienne. On ne peut pas martyriser tout un peuple depuis près de quatre-vingts ans, le discriminer, le massacrer dès qu’il bouge, favoriser ce qu’il y a de pire en lui – le Hamas –, le priver du moindre espoir, sans générer un état d’insécurité permanent. Le tout alimenté par une propagande qui oscille entre un racisme anti-arabe décomplexé et un déni couvrant d’ignorance et de mépris le sort des Palestiniens.

ven.

19

avril

2024

La loi de la peur : texte de Mahmoud Darwich

texte de Mahmoud Darwich... (les derniers poèmes).

 

La loi de la peur

L’assassin regarde sans remords le fantôme de la victime, non ses yeux. Il dit à ceux qui l’entourent : Ne me blâmez pas, j’ai peur. J’ai tué parce que j’ai peur et je tuerai encore. Certains spectateurs entraînés à préférer l’analyse psychologique aux fondements de la justice disent : Il ne fait que se défendre. D’autres, admiratifs de la supériorité du progrès sur l’éthique, disent : La justice n’est que ce qui déborde de la générosité de la force. A la victime de s’excuser auprès de son assassin du traumatisme qu’elle lui a causé ! D’autres encore, spécialistes de la distinction entre le réel et la vie, disent : Si un tel incident banal était survenu ailleurs que sur cette Terre sainte, la victime aurait-elle acquis nom et célébrité ? Allons donc réconforter celui qui a peur. Et, alors qu’ils partent en procession de sympathie avec le tueur apeuré, des touristes étrangers passant par là leur demandent : Mais quelle est la faute de l’enfant ? Ils leur répondent : Il grandira et fera peur au fils de l’assassin. Quelle est la faute de la femme ? Ils répondent : Elle enfantera une mémoire. Quelle est la faute de l’arbre ? Et ils disent : Un oiseau vert en sortira. Puis ils se mettent à scander : La peur, non la justice, est le fondement du royaume. Le fantôme de la victime leur apparaît alors dans un ciel limpide, ils lui tirent dessus et, ne voyant pas une goutte de sang couler..., ils prennent peur !

 

 

jeu.

18

avril

2024

Le Monde : Un soldat franco-israélien visé par une première plainte pour « actes de torture »

https://www.lemonde.fr/international/article/2024/04/16/un-soldat-franco-israelien-vise-par-une-premiere-plainte-pour-actes-de-torture-a-l-encontre-de-palestiniens_6228128_3210.html
 

 

 

 

 

Un soldat franco-israélien visé par une première plainte pour « actes de torture » à l’encontre de Palestiniens

Après la diffusion d’une vidéo diffusée à la fin de février par un proche du soldat sur les réseaux sociaux qui mettait en scène des prisonniers palestiniens violentés, trois associations ont porté plainte devant la justice française.

Par Stéphanie Maupas (La Haye, correspondance) et Madjid Zerrouky

 

Publié hier à 11h00, modifié hier à 17h31

 

 

 

Une plainte pour torture visant Y. O., un soldat franco-israélien, a été adressée mardi 16 avril au procureur général de Paris. L’homme est « actuellement au service de l’armée israélienne », énonce la plainte « contre X » déposée par Gilles Devers, avocat au barreau de Lyon, au nom de trois associations : l’Association des Palestiniens de France -Al Jaliya, Justice et droits sans frontières (JDSF) et le Mouvement du 30 mars, basé à Bruxelles. Les plaignants reprochent à Y. O. d’avoir commis un crime de guerre par « actes de torture » dans le contexte d’une « attaque militaire génocidaire ».

 

Fin février, dans une vidéo de cinquante-huit secondes réalisée par le militaire et diffusée sur la messagerie Telegram, on peut voir un prisonnier dans une combinaison blanche, les yeux bandés et les poignets attachés dans le dos. Il essaie de descendre d’un camion. Le soldat de l’armée israélienne commente la scène qu’il filme lui-même : « Tu as vu ces enculés, mon neveu, ces fils de putain. Allez descends, fils de pute… sur les pierres… Là, enculé de ta mère… » Le prisonnier descend du camion. « Tu as vu ce fils de putain. Là, regarde, il s’est pissé dessus. Regarde, je vais te montrer son dos, tu vas rigoler, regarde ! » Le prisonnier est maintenant dos à la caméra. « Ils l’ont torturé pour le faire parler. Tu as vu son dos. »

Dans la séquence suivante, des détenus sont assis par terre. « Ah, fils de putain, continue l’auteur de la vidéo. Fermez vos gueules, bande de salopes. Ah, vous étiez contents le 7 octobre, bande de fils de putes. » Selon la plainte, les prisonniers sont transférés vers une prison israélienne qualifiée de « secrète ». Dans une troisième séquence, on les voit dans un autobus. « Ils sont soumis à cette torture bien connue de l’armée israélienne, écrivent les avocats dans leur plainte, [qui leur impose] des heures durant une musique obsessionnelle. »

« Supériorité, mépris, provocation »

Selon les plaignants, après un interrogatoire initial, les prisonniers seraient alors « triés ». Certains sont relâchés, d’autres conduits en Israël, et « placés au secret, dans des conditions de détention inhumaines, puis jugés pour des incriminations liées au “terrorisme” par des tribunaux militaires ignorant tout droit de la défense ». L’Etat hébreu les considère comme des « combattants illégaux » et leur refuse la protection prévue par la 3e convention de Genève.

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mar.

16

avril

2024

En Palestine, Naplouse la rebelle garde la tête haute

Cet article nous a été envoyé par notre ami Hakim Sabah, directeur de l'association  Project Hope de Naplouse et qui nous a reçu lors de chacun de nos voyages. Ceux qui nous y ont accompagnés retrouverons l'atmosphère vivante,et foisonnante de cette belle ville de Naplouse.

 

Coupée du monde par les troupes d'occupation, sous la pression de nombreuses colonies, la grande ville du nord de la Cisjordanie suit de près et avec tristesse l’écrasement de la société gazouie par l’armée israélienne. Incarnant une certaine douceur de vivre mais aussi l'esprit de résistance en Palestine, Naplouse s’interroge sur les chemins de la libération. 

 

https://orientxxi.info/magazine/en-palestine-naplouse-la-rebelle-garde-la-tete-haute,7226

 

dim.

07

avril

2024

L'appel au secours des danseurs de dabké

Un appel urgent des 3 danseurs présents dans le film YALLAH GAZA et qui étaient venus en France lors de la tournée de Juin-Juillet dernier, accompagner les AVP du film. Ils ont lancé il y a plusieurs semaines des financements participatifs dont vous avez les liens ci-dessous.

 

Les sommes partielles récoltées leur ont permis provisoirement d'acheter (très cher) des toiles pour se protéger ainsi que leurs familles et un peu de nourriture pour survivre.

(Ils m’ont envoyé les preuves des travaux réalisés : structure bois et toiles de protection)

 

Les cagnottes sont toujours en ligne car ce qu'ils cherchent à faire maintenant c'est quitter l'enfer de Gaza pour aller en Egypte (cela coute très cher) pour sauver leurs vies.

 

 

Lien vers la vidéo réalisée récemment dans l’enfer de Gaza, par ces jeunes d’une dignité incroyable : https://www.facebook.com/foursan.pdt/videos/913448840239335/

 

 

 

Rappel et liens vers ces 3 campagnes de dons en cours pour nos amis danseurs de Gaza :

 

  1. Mohamed Saqer : https://gofund.me/fcf010f2  

 

  1. Mohamel Alaloul : https://gofund.me/fd4e655b

 

  1. Bashar Albelbeisi : https://gofund.me/9ad5ca0f

 

 

 

Pour rester humains tout simplement.

Vous pouvez télécharger et écouter le témoignage de Mohamed Saqer. Vous verrez des photos de Gaza, et vous entendrez son appel à l'aide sur fond de bruit incessant des drones.

Appel et témoignage audio d'un des danseurs de YALLAH GAZA
Appel et témoignage sonores sous-titrés
Fichier Audio/Vidéo MP4 12.1 MB
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ven.

29

mars

2024

Printemps des poètes

Le 21 mars dernier avait lieu une soirée poésie et musique, organisée par l'AFPS (Association France Palestine Solidarité) dans le cadre du Printemps des poètes, au RIZE, à Villeurbanne. 

Délicatesse, tristesse, émotion, peur, angoisse, autant de sensations que nous avons éprouvées en écoutant lire ces textes forts. 

 

Le temps d’une soirée, nous avons pu découvrir le langage poétique de quelques femmes palestiniennes : Fatena Al Ghorra est journaliste et poétesse, conférencière et interprète, Nathalie Handal est une poétesse franco-américaine originaire de Bethléem, Maya Abu Alhayyat est romancière, traductrice, poétesse et conteuse, elle est née à Beyrouth et vit à Jérusalem. Et d’autres encore… Leurs mots étaient mis en voix par Leyla Louet et ses lectrices, portés par la musique chaleureuse du oud. Afin que nul n’oublie que la poésie sera toujours le chant de la vie et de l’espoir, un chant de grâce !

 

Lors de cette soirée, le journal d'une jeune palestinienne nous a été lu, en alternance avec des poèmes. L'émotion était forte, les larmes jamais loin.

Les pages du journal racontent l'horreur de la guerre qui ne s'arrête jamais. Et pourtant, ces lignes n'ont pas été écrites en 2024 mais en 2000...

 

Extraits :

Mardi 17 octobre 2000

Cher Journal, 

 

Voici quatre jours que je n’ai rien pu écrire. Maux de tête, nausées, ophtalmies ont finalement pris le dessus, et je me sentais terriblement déprimée chaque fois que je m’installais devant l’ordinateur. Impossible d’écrire, impossible d’avaler la moindre nourriture, ni d’échapper à des cauchemars continuels chaque fois que j’essayais de dormir. Je rêve d’amis blessés, de sang, et de gens cherchant à s’abriter des bombes. 

Même dans le sommeil, pas d’échappatoire. 

Réveille-toi, monde ! Réveille-toi, Israël ! 

Un autre jour est passé, et personne ne croit, ni ne veut, que l’intifada prenne fin. La lutte pour la libération dure depuis de trop nombreuses années. Et durant tout ce temps, les filles sont devenues mères, et les mères sont devenues grand-mères. Elles ont enterré trop de maris, de pères et de fils. 

Combien de générations de mères en deuil seront encore perdues avant que le monde réalise qu’une occupation ne peut pas durer indéfiniment ? 

Cette fois-ci, les palestiniens en ont assez de l’agression israélienne, de la complicité américaine, des préjugés des médias occidentaux qui n’osent pas utiliser le terme de massacre dans leurs titres, ou de gouvernements arabes ineptes, qui se moquent bien de nous voir verser jusqu’à notre dernière goutte de sang. 

Bienvenue à une nouvelle journée en Palestine ! 

 

Levez-vous, souriez à une nouvelle journée d’occupation, et essayez de vous trouver une place au soleil. Si vous cherchez bien, vous la trouverez. Tout comme les verts pâturages, et la mer bleue, et l’arc-en-ciel à l’horizon. Un petit effort, et vous les trouverez. 

 

Jeudi 19 octobre 2000

Cher Journal, 

 

C’est bizarre ce qu’il vous arrive quand vous vivez ce genre de situation… quand vous ne savez pas à quel moment l’enfer va se déclencher et si vous vivez votre dernier jour ou non, prenez votre dernier repas, écrivez vos derniers mots… riez pour la dernière fois. C’est bizarre comme le temps devient alors précieux, comme il devient urgent de faire les choses au moment où vous voulez les faire. 

Pendant que j’écris, le bruit d’une violente fusillade me parvient tout proche. Je ne quitte même pas ma chaise.

Oh, comme ce bruit m’est devenu familier en trois semaines ! Trrr… tak tak tak … Trrr… tak tak tak. 

Si j’étais une fidèle de l’Islam, je prierais cinq fois par jour et je lirais le Coran. Si j’étais chrétienne, j’irais m’agenouiller à l’église, je dirais quelques prières et je lirais la Bible. Mais non croyante, je continue à mettre ma foi dans l’humanité et en sa capacité à lutter pour rendre ce monde meilleur, sans armes nucléaires, sans fusils, sans canons, sans violence, et par-dessus tout, sans oppression ni occupation d’un pays par un autre. 

 

Saigne jusqu’à la dernière goutte, Palestine, et que le monde te regarde. Saigne en rivières, fleuves et océans, Palestine. Voilà cinquante-deux ans que tu saignes, et personne ne voit ton sang couler. 

 

LES SOURIRES

 

Les sourires ont de multiples usages : 

il y a ceux qu’on distribue aux pauvres et au démunis pour cacher l’impuissance 

Tu les envoies, tête baissée, 

et tu entres, pas pressés, au café

traqué par le froid

 

Il y a ceux qui réduisent la distance

entre toi et les enfants étrangers qui ne cessent de râler

qui s’amusent des histoires, trop nombreuses, de leurs mères 

Tu leur retournes un sourire complice 

puis tu arrêtes de les écouter pour fixer les insectes volants

 

Il y en a qui se décuplent dans les épreuves , 

pudiques et inquiets, 

Ils pleuvent dans les toilettes des maisons en deuil

dans les tasses de café et l’échange des médisances 

sourires qui tâchent d’expliquer la mort.

sourires philosophiques 

qui protègent de la chute 

 

Il y a ceux qui se multiplient en amour 

sourires très flagrants

que tout le monde aperçoit, prétendant le contraire 

sourires doux aux lèvres et muscles et yeux crispés

et qui appellent à sourire

 

Il y a aussi 

ces sourires mélancoliques

que tu enveloppes dans un mouchoir 

et que tu jettes dans la poubelle la plus proche 

puis tu restes triste 

très triste 

n’osant aucun sourire. 

 

 

 

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mar.

26

mars

2024

25 mars 2024 : témoignage de Ziad depuis Gaza

Je suis impuissant devant le sang de nos enfants massacrés jour et nuit.

 

Je suis devenu incapable de décrire ce génocide répété et bien programmé contre une population civile isolée qui est en train de supporter l'insupportable et mourir de faim et de crimes.

 

J'ai perdu ma patience et ma peine énorme augmente au milieu de cette horreur absolue, nos malheurs et notre calvaire qui dure depuis plus de six mois sans une vraie réaction de ce monde officiel complice qui cautionne l'impunité et nous éloigne de la justice.

 

Je suis très triste quand j'entends les cris de nourrissons et de nouveau-nés qui ne trouvent pas de lait et de soins dans des hôpitaux encerclés, attaqués et privés de tout le matériel médical.

 

Je pleure devant cette catastrophe humanitaire et sanitaire vécue par toute une population civile qui est en train de subir une folie meurtrière.

 

Je suis bouleversé et mon coeur est serré par ces destructions massives qui touchent toutes les infrastructures civiles partout dans une région sous les bombes et le feu.

 

Ma force est partie face aux larmes de femmes palestiniennes qui pleurent notre incapacité d'arrêter la souffrance de leurs enfants affamés, traumatisés et horrifiés.

 

Je suis devenu faible devant la colère et l'impuissance des innocents de Gaza assassinés, blessés, déplacés , humiliés et opprimés au quotidien, et privés de nourriture, de l'eau et de médicaments.

 

J'ai perdu ma ténacité , ma persévérance et ma force disparues avec la dureté de la vie à Gaza la dévastée et l'agressée.

 

Je suis devenu pessimiste quand je vois le goût amer de cette survie compliquée, et la défaite de notre conscience collective.

 

Je ne suis pas courageux comme auparavant car j'ai laissé fuir l'espoir de nos cœurs brisés et de nos esprits qui saignent tous les jours face à notre angoisse permanente .Je suis devenu malheureusement un chiffre qui attend comme tout mon peuple d'être assassiné par les  ennemis de la lumière et d'être envoyé rapidement au ciel sans tissu blanc introuvable dans une région détruite et abandonnée.

 

Ziad Medoukh

 

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sam.

16

mars

2024

Rassemblement du samedi 16 mars 2024

De nombreux manifestants étaient présents ce samedi 16 mars pour soutenir le peuple palestinien, victime de la barbarie israélienne.

 

Plusieurs sujets ont été abordés:

 

Une action 100 sommets pour la Palestine a permis de faire flotter le drapeau palestinien sur plusieurs sommets de France MAIS le préfet du Puy de Dome a INTERDIT d'escalader le Puy de Dôme !!!! C'est incroyable de bêtise !


La polémique au sujet de Sciences Po Paris : soutien aux courageux étudiants qui avaient organisé cette réunion pro palestinienne et qui se sont vu accuser d'anti sémitisme, alors que plusieurs étudiants juifs étaient présents ! L'étudiante qui avait été refoulée l'avait été car elle avait filmé les visage des militants et les avait postés sur le réseaux sociaux, entrainant des campagnes de harcèlement envers ces étudiants!

Extraits de l'enquête de Médiapart: Conflit au Proche-Orient : à Sciences Po Paris, après l’embrasement, des étudiants sous le choc | Mediapart

 

"Dans une tribune, des étudiants juifs de Sciences Po accusent l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) d’être « hostile à toute revendication propalestinienne » et affirment : « Contrairement aux allégations, nous avons pu entrer dans l’amphithéâtre sans aucune entrave. L’une d’entre nous l’a fait librement, tout en portant autour de son cou l’étoile de David qu’elle porte depuis sa bat-mitzvah. »

Jointe par Mediapart, cette étudiante à l’étoile de David, une tchéco-américaine qui préfère n’être désignée que par ses initiales (L. F.) par peur des représailles, confirme : « Ma grand-mère est une survivante de l’Holocauste, et une partie significative de la famille de ma mère y a été décimée. J’ai toujours eu un sens aigu de ce qu’est l’antisémitisme, et cela me fait souffrir de voir la lutte contre l’antisémitisme instrumentalisée de cette manière. Le 12 mars, il n’y a pas eu d’antisémitisme. Si un incident a conduit à ce qu’une personne ne puisse pas entrer, ce n’était pas parce qu’elle était juive, j’en suis une preuve vivante. »

De son côté, le Comité Palestine Sciences Po a démenti les allégations d’antisémitisme dans un communiqué, affirmant qu’« aucun·e étudiant·e n’a été empêché·e d’entrer dans l’amphithéâtre en raison de son appartenance religieuse ». Il affirme que l’entrée a été refusée à « des individus ayant harcelé et intimidé par le passé d’autres étudiant·es quant à leurs positons politiques ».

Jointe par Mediapart, Léo Le Roux, une membre du comité, affirme que c’était le cas de l’étudiante de l’UEJF : « Elle filmait spécifiquement les visages avec son téléphone, on lui demandait d’arrêter, ce qu’elle ne faisait pas. C’est une vigilance qu’on a, qui est très classique dans les AG et les occupations, ce n’était pas contre elle mais contre les étudiants ouvertement hostiles ou menaçants. » « Lors de précédentes actions en solidarité avec la Palestine, ses photos se sont retrouvées sur Twitter [devenu X], Telegram, et des vagues de harcèlement s’ensuivaient », abonde Hicham, lui aussi membre du comité.

Les étudiantes et étudiants propalestiniens avec qui nous avons échangé disent vivre sur le campus avec un sentiment de « danger constant » du fait de la pratique du « doxing » qui s’est répandue chez les militant·es pro-Israël – la publication sur les réseaux sociaux des coordonnées personnelles de militants et militantes soutenant la Palestine, en incitant au harcèlement –, ce dont témoigne aussi un reportage de Blast.

Pour s’être exposés médiatiquement, Léo et Hicham affirment subir ces derniers jours une « vague de harcèlement monstre ». Le 15 mars, Léo nous expliquait s’être rendue sur le campus de Sciences Po accompagnée, « par peur », après avoir été reconnue et traitée d’antisémite dans la rue, près de chez elle. Pour ces militant·es, les accusations de l’UEJF s’inscrivent dans « une stratégie claire qui vise à intimider les voix propalestiniennes »."

 

 

Le 16 mars, c'était l'anniversaire de la mort de la militante américaine pour la paix Rachel Corrie, qui avait été écrasée volontairement en 2003 par un bulldozer israélien alors qu'elle manifestait contre les démolitions de maisons palestiniennes à Gaza. Personne n'a été poursuivi pour cet assassinat. Elle avait 23 ans.

https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/08/28/qui-etait-rachel-corrie-morte-sous-les-chenilles-d-un-bulldozer-israelien_1752278_3218.html

 

Lecture du dernier message de notre ami Ziad, depuis Gaza. Poignant, triste, horrible.

 

Rappel également de la situation du plus ancien prisonnier politique d'Europe Georges Ibrahim Abdallah, résistant communiste issu du Front Populaire de Libération de la Palestine célèbre pour son engagement au coté du peuple palestinien contre l'occupant israélien, qui est emprisonné sans preuves depuis 40 ans en France, qui est libérable depuis 1999 et que l'état refuse de libérer.  L'affaire de Georges Abdallah, une exception ou une détermination de l'État français à exécuter les crimes d'Israël ? | Assawra - الثورة (La Révolution)

A lire sur ce sujet : Après la condamnation du chef présumé des FARL Premier avocat de Georges Ibrahim Abdallah Me Jean-Paul Mazurier était un agent de la DGSE LE FACTEUR HUMAIN (lemonde.fr)

 

 

mar.

05

mars

2024

Un génocide culturel

Un « génocide culturel » ou l’anéantissement des trésors multi-civilisationnels de Gaza

12 février 2024 - Ce qui subsiste de la Grande Mosquée Omari, la plus grande et la plus ancienne mosquée du nord de Gaza - Photo : Omar El Qattaa

Par Ibtisam Mahdi

La guerre d’Israël a ruiné des milliers d’années de riche patrimoine à Gaza, les experts palestiniens qualifiant cette destruction de génocide culturel.

Depuis le début des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, d’innombrables trésors du patrimoine culturel palestinien ont été endommagés ou détruits.

Comme une grande partie du reste de l’enclave assiégée, ces repères inestimables et bien-aimés de l’histoire de notre peuple – sites archéologiques, structures religieuses millénaires et musées abritant des collections anciennes – sont aujourd’hui en ruine.

Le patrimoine culturel est une composante essentielle de l’identité d’une nation et revêt une signification symbolique énorme, comme le reconnaissent et le protègent d’innombrables conventions, traités et organismes internationaux.

Pourtant, le pilonnage de Gaza par Israël, qui en est à son cinquième mois, révèle un mépris cruel pour ces témoignages des milliers d’années de la riche histoire culturelle de Gaza, à tel point qu’il pourrait s’apparenter à un génocide culturel.

Les chercheurs tentent désespérément de répertorier ces sites et de déterminer leur état actuel, mais ils ne parviennent pas à suivre le rythme du carnage.

Si la perte de vies humaines est la plus grande tragédie de toute guerre, la destruction par Israël du patrimoine culturel physique de Gaza poursuit à peu près le même objectif : l’effacement du peuple palestinien. En effet, de nombreuses personnes interrogées dans le cadre de cet article estiment que c’est précisément la raison pour laquelle ces sites sont pris pour cible.

Trésors nationaux

Hamdan Taha est un érudit et archéologue de renom, ancien directeur général du département palestinien des antiquités à Gaza. Dans une interview accordée au magazine +972 après avoir réussi à quitter la bande de Gaza, il a souligné le rôle historique et civilisationnel profond joué par la Palestine en général, et Gaza en particulier, malgré sa petite taille géographique.

« Gaza a été le témoin d’un brassage culturel où les civilisations se sont entrecroisées, donnant naissance à un patrimoine culturel riche et diversifié », a-t-il expliqué. M. Taha a notamment évoqué le port de Gaza, qui a été pendant des siècles une plaque tournante du commerce méditerranéen et un lieu de ce multiculturalisme.

« Le patrimoine culturel reflète notre identité nationale », a-t-il poursuivi. « Il est le témoin des époques historiques et civilisationnelles que notre patrie a traversées. C’est un trésor national. »

Les ruines de Hammam al-Sammara – un bain séculaire dans le quartier Zeitoun de la ville de Gaza, le 12 février 2024 – Photo : Omar El Qattaa

Selon M. Taha, l’importance nationale de ces sites et leur potentiel pour attirer le tourisme et relancer l’économie de Gaza « ont conduit Israël à altérer intentionnellement des bâtiments historiques et archéologiques, dans le but d’effacer le lien entre la population de Gaza, sa terre et son histoire ».

Israël, a ajouté M. Taha, « veut déconnecter la population de Gaza de l’histoire de la terre, tout en essayant constamment de créer son propre récit et sa propre association avec l’endroit. »

Pendant la guerre de 2014 contre Gaza, Taha et d’autres archéologues ont formé un comité pour évaluer officiellement les dommages causés par les attaques d’Israël. Ils ont travaillé à la restauration et au recensement de toutes les antiquités de Gaza, en partie pour se préparer à de futurs bombardements. Cependant, l’ampleur de la guerre actuelle a eu raison de leurs efforts.

Compte tenu des bombardements incessants de la bande de Gaza depuis le 7 octobre, il est extrêmement difficile pour Taha et d’autres experts d’évaluer l’ampleur des dégâts, malgré les efforts des universitaires palestiniens et étrangers qui surveillent la situation à distance.

« La plupart des informations que nous obtenons proviennent de journalistes et d’individus qui capturent des scènes soit par hasard, soit en passant par le lieu en question », a-t-il expliqué. « Nous nous appuyons également sur les informations fournies par les habitants vivant à proximité des zones ciblées et sur les informations de dernière minute. D’après ces témoignages, il semble que les bombardements israéliens n’aient pas laissé grand-chose derrière eux. »

Il est difficile pour les experts de suivre l’évolution de la situation alors qu’ils sont pris pour cible.

Ismail al-Ghoul, qui réside actuellement dans la ville de Gaza et travaille pour Al Jazeera, est l’un des photojournalistes qui documentent ces ruines. Il a photographié les ruines de l’église byzantine, vieille de 1 600 ans, dans le quartier de Jabalia, ainsi que le Hammam al-Sammara, un établissement de bains vieux de plusieurs siècles, dans le quartier de Zeitoun.

« Le dernier bain historique de la bande de Gaza, dont l’histoire s’étend sur près de mille ans, est aujourd’hui en ruines », déplore-t-il. « La plupart des habitants de Gaza ont visité ce bain et ont vécu une expérience magnifique et inoubliable. Même les visiteurs de Gaza ont cherché à avoir un aperçu de ses célèbres propriétés curatives et thérapeutiques ».

Al-Ghoul a également photographié les ruines du Qasr al-Basha (palais du Pacha), datant du XIIIe siècle, qui se distingue par la remarquable préservation de ses détails architecturaux. Plus de 90 % du palais a été détruit par les bombardements israéliens et les bulldozers qui ont suivi, ne laissant qu’une petite partie encore debout.

Malgré le dévouement de photojournalistes comme al-Ghoul, la guerre a empêché de documenter toute l’étendue des dégâts.

« Il est difficile pour les experts de suivre l’évolution de la situation alors qu’ils sont eux-mêmes en déplacement, qu’ils sont pris pour cible et qu’ils se déplacent continuellement d’un endroit à l’autre », explique M. Taha. « Nous avons perdu plus de 10 experts en antiquités, dont quatre archéologues. »

Parmi les autres sites du patrimoine qui ont été gravement endommagés, on trouve la grande mosquée Omari, la plus grande et la plus ancienne du nord de la bande de Gaza, dont l’histoire remonte, selon certains témoignages, à 2 500 ans. La structure a été entièrement détruite, à l’exception de son minaret.

La grande mosquée Omari, la plus grande et la plus ancienne mosquée du nord de Gaza, avant sa destruction – Photo : Omar El Qattaa

La mosquée incarnait la richesse et la diversité de l’histoire de la bande de Gaza : à l’origine un ancien temple païen, elle a ensuite été transformée en église byzantine, puis en mosquée lors des conquêtes islamiques.

La mosquée Sayyed Hashim de la ville de Gaza a également été gravement endommagée. Située dans la vieille ville, la mosquée abritait la tombe de Hashim ibn Abd Manaf, le grand-père du prophète Mahomet, qui est si étroitement identifié à la ville que celle-ci est souvent appelée « Gaza de Hashim » dans la littérature palestinienne.

L’église Saint Porphyre, appelée localement « église orthodoxe grecque », qui, construite en 425 après J.-C., est l’une des plus anciennes églises du monde, a également été endommagée, et l’un des bâtiments situés à proximité de l’église a été complètement détruit.

Les dégâts à proximité de l’église Saint Porphyrius, appelée localement « église orthodoxe grecque », le 12 février 2024 – Photo : Omar El Qattaa

M. Taha a souligné que les dégâts ne se sont pas limités au seul nord de la bande de Gaza. Le musée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le seul musée de la région, a été entièrement détruit.

Le musée Al Qarara, près de Khan Younis, qui possédait une collection d’environ 3 000 objets datant des Cananéens, la civilisation de l’âge du bronze qui vivait à Gaza et dans une grande partie du Levant au deuxième siècle avant J.-C., a été gravement endommagé.

Le sanctuaire d’Al-Khader, dans la ville centrale de Deir al-Balah, qui revêt une importance particulière car il s’agit du premier et du plus ancien monastère chrétien construit en Palestine, a également été endommagé lors du bombardement d’une zone située à proximité.

Dans toute la bande de Gaza, Israël a endommagé et détruit des sites historiques séculaires ainsi que des sites affiliés à l’islam et au christianisme. Tout est visé.

Toute l’histoire de Gaza est sur le point de s’effondrer

Haneen Al-Amassi, chercheuse en archéologie et directrice exécutive de la fondation Eyes on Heritage, lancée l’année dernière, considère que la destruction des sites archéologiques fait partie d’une campagne plus large contre la vie des Palestiniens.

« Les sites archéologiques sont des preuves tangibles et physiques attestant du droit des Palestiniens à la terre de Palestine et de leur existence historique sur celle-ci, depuis l’âge de pierre jusqu’à nos jours », a-t-elle déclaré à +972. « La destruction de ces sites dans la bande de Gaza de manière aussi brutale et systématique est une tentative désespérée de l’armée d’occupation d’effacer les preuves du droit du peuple palestinien sur sa terre ».

M. Al-Amassi a énuméré de nombreuses pertes importantes. L’ancien port de Gaza, également connu sous le nom de port d’Anthedon ou d’Al-Balakhiya, qui remonte à 800 ans avant J.-C., a été détruit. Dar al-Saqqa (maison Al-Saqqa) dans le quartier de Shuja’iya, à l’est de la ville de Gaza, construite en 1661 et considérée comme le premier forum économique de Palestine, a également été gravement endommagée.

La destruction de ces monuments et sites archéologiques, a souligné Mme Al-Amassi, représente une perte importante pour le peuple palestinien, une perte qu’il sera difficile, voire impossible, de compenser.

« Il est impossible de restaurer ces monuments malgré les bombardements incessants », a-t-elle déclaré. « Et avec le silence honteux des acteurs internationaux, les bombardements sur les sites archéologiques de Gaza ne feront que se multiplier. Toute leur histoire et leur caractère sacré sont sur le point de s’effondrer ».

Même lorsqu’ils ne sont pas la cible principale des bombardements israéliens, les sites archéologiques continuent d’être gravement endommagés.

Al-Amassi a déploré le musée Khoudary, également connu sous le nom de Mat’haf al-Funduq (hôtel-musée) dans le nord de Gaza, qui abritait des milliers de pièces archéologiques uniques, dont certaines remontaient aux périodes cananéenne et grecque ; le musée a été considérablement endommagé par le bombardement de la mosquée Khalid ibn al-Walid adjacente.

12 février 2024 – Le musée Khoudary, également connu sous le nom de Mat’haf al-Funduq (hôtel du musée) après le bombardement israélien de la zone – Photo : Omar El Qattaa

De même, le Khan d’Amir Younis al-Nawruzi, un fort historique construit en 1387 au centre de la ville méridionale de Khan Younis, a été endommagé par le bombardement du bâtiment municipal voisin.

Le monastère de Saint Hilarion à Tell Umm el-Amr près de Deir al-Balah, qui date de plus de 1600 ans, et la maison Al-Ghussein de la ville de Gaza, un bâtiment historique datant de la fin de la période ottomane, ont également été endommagés lors du bombardement des zones voisines.

L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme, basé à Genève, a accusé Israël de « viser intentionnellement toutes les structures historiques de la bande de Gaza ».

Le ministère du tourisme et des antiquités de Gaza a fait la même déclaration dans un communiqué de presse publié fin décembre : « L’occupation commet délibérément un massacre contre les sites historiques et archéologiques de la vieille ville de Gaza, assassinant l’histoire et les traces des civilisations qui ont traversé la bande de Gaza pendant des milliers d’années. »

Ces destructions, ciblées ou non, constituent une violation de la convention de La Haye de 1954, qui vise à protéger le patrimoine culturel en temps de paix comme en temps de guerre. M. Al-Amassi espère que l’Autorité palestinienne inclura ces violations dans sa requête auprès de la Cour pénale internationale.

Une accélération brutale de pratiques anciennes

Comme l’ont souligné de nombreux chercheurs, les destructions en cours à Gaza s’inscrivent dans le droit fil des pratiques d’effacement et d’appropriation mises en œuvre de longue date par Israël. Eyad Salim, historien et chercheur en archéologie à Jérusalem, a énuméré plusieurs sites du patrimoine qui ont été détruits par les forces israéliennes depuis la Nakba de 1948.

« Dans les villages palestiniens détruits en 1948, les mosquées, les sanctuaires islamiques et les sites patrimoniaux ont été soit fermés, soit détruits, soit convertis en synagogues », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’une question longue et complexe ».

D’autres exemples incluent la destruction des quartiers Sharaf et Mughrabi de la vieille ville de Jérusalem au lendemain de la guerre de 1967 afin de créer une place devant le mur occidental, ainsi que de nombreuses tombes de musulmans vertueux.

Le Mur occidental et le quartier des Maghrébins, détruit après la prise de la vieille ville de Jérusalem par Israël lors de la guerre de 1967, pris entre 1898 et 1946 – Photo : Département photo de la colonie américaine

Salim souligne que divers organismes publics – l’armée, l’Autorité des antiquités et l’Administration civile – ont tous joué un rôle dans cette destruction et cette appropriation.

« Pour mettre en œuvre son plan de construction de l’« État juif », Israël est confronté à des défis identitaires, géographiques et démographiques », poursuit-il. « Il s’attribue donc des villes, des villages, des sites urbains, la mode, la nourriture, l’artisanat et les industries traditionnelles [palestiniens], qu’il promeut dans les forums internationaux et qu’il utilise dans le cadre de son projet de judaïsation ».

Une grande partie de cet effacement se produit subtilement, en rendant simplement difficile la survie des institutions du patrimoine culturel palestinien.

C’est particulièrement évident à Jérusalem, a expliqué Salim, où la municipalité impose des taxes déraisonnablement élevées, surveille les institutions culturelles, demande arbitrairement des informations, bloque le financement, les menace de fermeture et interdit toute indication de soutien officiel du gouvernement palestinien aux institutions de Jérusalem.

Ce dont nous sommes actuellement témoins à Gaza, cependant, c’est d’une accélération brutale de l’effacement du patrimoine palestinien par Israël. La destruction rapide de nombreux sites précieux au cours des premières semaines de la guerre a rapidement suscité l’inquiétude des archéologues et des chercheurs du monde arabe.

Les 11 et 12 novembre, l’Égypte a accueilli la 26e conférence internationale des archéologues arabes organisée par la Ligue arabe des archéologues, qui était axée sur la solidarité avec la population de Gaza.

La Palestine était représentée par Husam Abu Nasr, un historien de Gaza qui accompagnait sa mère pour un traitement médical en Égypte lorsque la guerre a éclaté. Abu Nasr a présenté un rapport sur les musées de la bande de Gaza qui avaient été endommagés jusqu’à ce moment de la guerre.

La Ligue a créé un fonds destiné à soutenir la reconstruction et la restauration de tous les sites et institutions du patrimoine, ainsi que de tous les établissements d’enseignement qui ont été détruits à Gaza. Elle a également promis de donner des conseils sur les efforts de restauration à la fin de la guerre.

« En ciblant les bâtiments et les sites historiques, les archéologues, les universitaires et les chercheurs, Israël cherche à effacer l’identité palestinienne, et en particulier l’identité gazaouie, et à la rendre dépourvue d’histoire et de civilisation », a déclaré M. Abu Nasr à +972. « Israël veut effacer notre mémoire nationale, promouvoir la distorsion des faits et lutter contre le récit palestinien ».

Ce faisant, a-t-il souligné, il s’agit d’une violation du droit international et du droit humanitaire.

Mettant en perspective la destruction du patrimoine de Gaza par Israël, M. Taha a souligné que « les vies humaines sont ce qu’il y a de plus important, et rien ne vient avant. Mais en même temps, la préservation et la protection du patrimoine et de la culture font partie intégrante de la protection du peuple et de son esprit. »

Les Palestiniens de Gaza, mais aussi l’humanité dans son ensemble, subiront une grande perte si Israël continue à détruire le patrimoine culturel de la bande de Gaza sans en subir les conséquences.

17 février 2024 – +972Mag – Traduction : Chronique de Palestine – Éléa Asselineau

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