Alors que je dormais à côté de mon fils unique, Il me regarde comme si il voulait picorer mes globes oculaires, après une longue journée dans un camp de déplacés à Rafah.

J’ai vu beaucoup de questions et de mots dans les yeux de mon fils Karam, et j’ai essayé d’extrapoler  une partie de ce qu’il pensait: Pourquoi, Père, sommes-nous parmi des dunes interminables au milieu d’une tente usée ? Où est mon lit en bois chaud où j’avais l’habitude de dormir à côté de toi, caressant mes joues et passant tes doigts dans mes cheveux ?

Pourquoi toute cette misère et ce chagrin dans les yeux des gens alors que les cœurs ont atteint les gorges ?

Mon père... Malgré mon jeune âge, je ressens ce qui se passe dans ton esprit et ce qui te serre la poitrine, comme si j’entendais ton chuchotement qui dit : Où est la justice divine dans tout ce qui se passe ?

Quelle culpabilité j’ai commis, moi, l’enfant handicapé de 13 ans, j’ai souffert de paralysie cérébrale qui m’a fait perdre ma mobilité et même la capacité de parler, quelle culpabilité tue l’innocence des enfants en attendant mon tour de mourir !!

Est-ce que je mourrai sur les genoux de mon père et de ma mère, mourrai-je découpé, ou mourrai-je avec les beaux souvenirs de ce qui reste de mon petit esprit ?

Je suis né, mon père, pour profiter de mon enfance comme le reste des enfants du monde, mais mes premiers cris dans cette vie sont venus avec le son les tirs de drones, bruit sourd d'artillerie et des gémissements des bébés qui ont perdu leurs parents, ont perdu le cordon ombilical qui les allaite alors qu’ils sont des fœtus.

Dieu.... Combien j’ai à endurer ces épreuves et ces souffrances... Quand verrons-nous à nouveau des hirondelles voleter, promettant une venue plus belle ?